Bonjour à tous,
Le mois dernier, je parlais de l’envie et de la nécéssité de s’échapper. C’était avant le confinement.
Ce mois-ci, certains ont pris leur disposition, en s’exilant quand ils le pouvaient dans leur résidence secondaire, ou carrément en désertant la France. Certaines personnes avec lesquelles je collabore ont ainsi décollé pour le Portugal. L’une d’entre elles est même allé jusqu’en Namibie ! Il faut croire que la liberté, plus que jamais, est un luxe…
Ceux qui restent en France se posent - surtout le week-end - les mêmes questions : à quel point peuvent-ils se déplacer comme ils le veulent, en allant par exemple dans la nature ? Chacun, d’une manière ou d’une autre, doit se positionner par rapport à la loi. Il me semble que beaucoup ont choisit de jouer au chat et à la souris avec la police.
🚫 Apprendre à désobéir
Entre le safari tranquille en Namibie et la course poursuite en France, il faut donc choisir. Autant en rire qu’en pleurer. J’y vois l’occasion d’inventer des jeux avec les enfants.
Le week-end dernier à 7h30 nous quittions Bordeaux dans le noir, direction un beau lac entouré de pins, au bord duquel nous nous retrouvions seuls, au soleil levant. Échapper à la loi, c’est redécouvrir la liberté sur un mode transgressif. C’est drôle et ça laisse des bons souvenirs.
Bien sûr, cela implique de discuter un peu avec les enfants : pourquoi on sort quand même ? Est-ce que toutes les lois sont justes ? Faut-il obéir à tout ?
Le New Yorker ressortait récemment dans l’une de ses newsletters deux textes de Hannah Arendt sur le procès Eichmann. C’était en 1963, on découvrait que le mal pouvait être banal, qu’il était prétenduement possible de le commettre par simple devoir, parce que les supérieurs le demandaient. On se disait qu’une loi n’était pas forcément juste, ni même souhaitable du reste. Mai 68 s’annonçait.
Sur le chemin du retour, aprés notre journée autour du lac, nous écoutions dans la voiture les aventures de Nelson Mandela. C’était un hasard mais cela tombait bien. La leçon était complète.
⛹️♂️ Jouer la défense pour mieux préparer l’attaque
Et si le sujet était plus large : que l’enjeu n’était pas juste d’échapper à certaines lois en préférant d’autres principes, mais aussi d’échapper aux recommandations d’articles ou de produits sur internet, aux informations érronnées, aux messages matraqués à la télé…
Tout se passe comme si être libre impliquait, plus que jamais, une posture défensive. Aujourd’hui il faut décrypter, questionner et masquer ses traces.
Si l’on en croit certains, il faut désormais choisir entre la surveillance capitaliste (pour reprendre le titre du livre de Shoshana Zuboff) et la surveillance d’Etat que la Chine exporte avec succès. Cela implique une éducation à cette surveillance, à ses formes, à ses parades. Qui peut la penser et la dispenser, à part nous, parents ?
Mais la liberté ne se défend pas seulement me direz-vous, elle se conquiert ! Oui, cela les jeunes générations l’ont bien compris. Quel que soit leur mode d’action : transgressif avec Exctinction Rebellion ou constructif avec la COP26 récemment prise en main par les jeunes aux 4 coins du monde. Les jeunes semblent à nouveau aspirer à jouer un rôle politique important. Ils rappellent que la liberté n’est pas un simple luxe individuel, mais le moyen de penser et construire collectivement un futur.
Bon dimanche à tous,
Matthieu
PS : Je me disais depuis quelques temps que je partageais trop de liens. Sur les bons conseils de Remi Guyot, je les ai tous supprimés ! Laissez un commentaire si vous souhaitez que j’en partage certains.