Hors Programme - S'émerveiller ! 🤩 - Numéro #48
Hors Programme - S'émerveiller ! 🤩 - Numéro #48
Par Matthieu Chereau • Numéro #48 • Consulter en ligne
Bonjour à tous,
Je suis heureux de vous retrouver après quelques mois d’absence, en cette période si particulière. Heureux de vous écrire à nouveau, pour réfléchir et lire vos réactions, partager mes intuitions et questions.
🔭 Nouvelle approche
Merci d'abord à tous ceux d’entre vous qui m’ont sollicité, en m’encourageant à reprendre la plume. Cela fait toujours plaisir.
J’avais mis en suspens cette lettre, car il me semblait que j'étais de plus en plus hors-sujet. Avec la crise que nous connaissons, je réalise que si l’objet de mon premier essai était l’éducation de nos enfants à demain, son vrai sujet était notre incapacité foncière, en tant que parents, à nous préparer nous-mêmes à demain. A nous projeter, à nous adapter et à en tirer les conséquences pour nos enfants. C'est sans doute la raison pour laquelle je parlais dans certaines lettres autant d’éducation que de politique, liant directement les deux.
J’ai réalisé que Hors Programme ne devait pas seulement de parler de la manière dont nous préparons nos enfants à demain, mais plus largement de comment nous pouvons l’inventer pour eux et avec eux. Je ne parlerai donc plus seulement ici d’éducation, mais aussi d’actions concrètes qui illustrent la manière dont nous pouvons construire un monde meilleur, pour nous et nos enfants. Nous parlerons donc d'habitat, d'énergie, de nouvelles formes de vivre-ensemble, de santé, de la relation à nos enfants mais aussi à nos ainés, bref de questions de sociétés en regardant à la fois les tendances et surtout les actions concrètes.
Cette lettre me sert non seulement à me positionner, mais surtout à réfléchir avec vous à des actions concrètes pour vivre différemment en famille.
🥁 Nouveau tempo
Je n’ai plus envie de respecter les codes d’une newsletter. La régularité a du bon, mais je ne veux pas verser dans le flux, à une heure où nous faisons tous une overdose d’informations.
J’aimerais vous servir de pause, de respiration, de façon régulière mais pas à jour ou heure fixe. Cela implique d’être moins bavard, de partager moins de liens et d’être concentré à chaque fois sur des sujets plus précis. Chaque lettre aura donc un sujet, et arrivera dans votre boîte quand je l'aurai jugé nécéssaire.
Enfin, je trouve aussi que cette période de confinement est l'occasion idéale pour entretenir des correspondances. Plus que jamais je vous encourage, en réponse à mes lettres, à partager vos sentiments et vos analyses.
Transmettre (en temps de crise)
Aujourd’hui, on parle de transmission et d'émerveillement. Ces temps-ci, vous vous improvisez tous professeurs des écoles, quand ce n’est pas éducatrices ou éducateurs de jeunes enfants. En bons élèves, certains se ruent sur les ressources à disposition, envoyées par l’école ou disponibles en ligne. Là où d’autres par choix ou nécessité, voient l’occasion pour leurs enfants d’apprendre par eux-mêmes, plus librement. Quoiqu’il en soit, nous passons plus de temps avec nos enfants, à un moment où notre esprit est occupé ou préoccupé par des choses graves et contrariantes. Des choses que nous ne comprenons pas entièrement, et dont nous ne cernons pas non plus les conséquences.
Dans ce contexte, je ressens le besoin de me concentrer sur la transmission de ce qui me donne de la force, du plaisir, du sens. Durant ces dernières semaines, c’est la seule manière que j’ai trouvé de joindre l’utile à l’agréable, de me faire du bien tout en faisant du bien aux enfants, de rester dans le plaisir et la liberté à une heure où nos corps sont contraints. Je vois dans cette crise l’occasion de vivre avec nos enfants des moments privilégiés, et de faire passer des choses peut-être plus subtiles que des connaissances, mais aussi plus fondamentales, qui requièrent du temps.
Transmettre l'art de douter
Cela tombe bien, confinés, nous sommes aussi moins pressés. Raison de plus pour cultiver l’art de la conversation à table, parler encore et toujours, pour partager des ressentis (c'est clé) mais aussi - selon l’âge des enfants - des questions sur l’actualité ou les choses apprises. À la maison autant qu’à l’école, comprendre et apprendre se fait ensemble, de façon naturelle, en cultivant l'art d'un questionnement qu'il est urgent d'entretenir. Je parlais à ce propos de Montaigne dans mon livre. Plus que jamais, le scepticisme est de rigueur, et doit se pratiquer le plus tôt possible !
Partager nos émotions....je vous invite à découvrir les beaux albums de Marion Fayolle
Ce qu’il me manque aussi en ces temps incertains, où l’espace est saturé de chiffres et de peurs, ce sont des refuges pour me ressourcer. J’en vois deux qui prennent, à mesure que les semaines de confinement défilent, de plus en plus de place. La nature et les arts : chacune à leur manière constitue une source d'émerveillement, une parenthèse heureuse.
Transmettre l'art d'observer et de sentir
Se poser contre un arbre (comme le chantait Dominique A), sentir les fleurs qui viennent d’éclore, compter les gendarmes, fabriquer des personnages avec des morceaux de bois et des herbes, faire de la boue pour s’en mettre plein les mains. Tout cela ou presque est à portée de main, selon là où vous habitez. Vous n'avez pas de jardin ? Vos enfants peuvent observer les oiseaux à la fenêtre. Présentez cela comme un jeu, en leur demandant ensuite d'écrire ce qu'ils ont découvert. Vous n'avez pas d'idées d'activités ? Laissez vos enfants faire. Et si vous en cherchez, en voilà ici et là.
De même que nous avons besoin de pratiquer des exercices physiques, nos enfants ont besoin de faire fonctionner tous leurs sens, pour bien grandir et s'épanouir. C'est aussi pour eux l'occasion d'entretenir un autre rapport au temps, et faire une pause et respirer.
Transmettre l'art d'aimer
Ces temps-ci, les occasions de s’émerveiller devant des oeuvres sont tout aussi nombreuses : je pense aux ressources de l’Opéra de Paris, à Arte Concert ou encore aux Concerts éducatifs de la Philarmonie, aux courts et longs métrages sur Benshi ou encore - bien sûr - à toutes les histoires et les contes (voici une valeur sûre) que vous pourrez lire et inventer. J’ai récemment imaginé et testé avec quelques succès les “Pizza-Opéra” sur le canapé et les “Croques-Concerts (avec croque-monsieur & madame). Il me semble que la fréquentation d’oeuvres belles, drôles et émouvantes est plus que jamais nécéssaire. Une chance nous est donnée de vivre ces moments avec eux, plus souvent que d'habitude. Saisissons-là.
Casse-noisette fera chez vous un tabac (ou Roméo et Juliette, mais avant que Roméo ne trucide Tybalt !)
Je vous quitte sur ces quelques idées. D'autres lettres viendront bientôt, au cours des prochaines semaines, pour vous accompagner dans vos réflexions, qui comme je le devine sont en ce moment plus fréquentes et profondes.
Bonne journée à tous,
Matthieu
Avez-vous aimé ce numéro ?
Par Matthieu Chereau
Hors-programme ? Parce que nul ne sait de quoi demain sera fait, que l'avenir de nos enfants se joue en partie en dehors de l'école, et que l'école elle-même revoit ses méthodes et ses programmes.
Chaque semaine, je traite d'une idée en quelques liens pour voir comment aujourd'hui nous pouvons préparer nos enfants à demain.
Si vous ne voulez plus recevoir les prochaines mises à jour, vous pouvez vous désabonner ici.
Si on vous a fait suivre cette lettre d'information et que vous l'aimez, vous pouvez vous y abonner ici.
Propulsé par Revue