Bonjour à tous,
Quel est votre bilan du confinement ? Je constate autour de moi des cas de figure très variés. A l’opposé à vrai dire les uns des autres…
Subir ou agir 💪
Je retiens surtout les cas les plus marquant.
Sur le plan personnel, certains déménagent, ou réaménagent leur quotidien durablement, ils se positionnent, ils choisissent. Sur le plan professionnel ils pivotent plus ou moins franchement. Ils inventent de nouveaux produits ou se tournent vers de nouveaux clients. Parfois même ils revisent leur business model, se voulant plus responsables. Ailleurs, d’autres montent une association pour agréer des ressources et venir en aide aux parents et enseignants (Faire École Ensemble), ou imaginent des alternatives de façon participative (Où atterrir par exemple). Bref, les projets pulullent.
De l’autre côté, je croise des personnes perdues. Est-ce le flot d’informations qui les submerge ou simplement cette crise si proteiforme qui les paralyse. Ils ne se contentent pas de subir, quelque part ils régressent. Le monde et la manière dont ils s’y inscrivent paraît soudain plus problématique. Quelque chose en eux s’est bloqué.
Tout se passe au final comme si, face à cet événement, un fossé se creusait. Pas seulement d’un point de vue financier avec la précarisation de millions de personnes, mais plus profondément dans la capacité à lire la crise et à réagir par rapport à elle.
Oui nos enfants ont et auront besoin encore plus à l’avenir d’être résilients.
“La résilience, écrit Jean Piaget, c’est savoir quoi faire quand vous ne savez pas quoi faire”.
Plongeons-nous donc dans des situations de ce type, en partant réellement à l’aventure ou en imaginant des jeux, pour qu’ensemble nous apprenions à improviser avec le sourire et en gardant l’espoir.
Le temps du Kairos ⚡️
Mais la résilience ne suffit pas. Il faut pouvoir être à la fois spectateur et acteur. Et pour comprendre ce qui se joue, il faut s’inscrire dans l’Histoire.
Aujourd’hui, certains estiment que notre société ne conçoit le temps qu’au travers du Kairos : ignorance du temps long (Aiôn), celui des civilisations et des ères géologiques ; mépris ou méconnaissance du passé (Chronos), que l’on découpe en un certain nombre de phases, selon les règnes, les régimes politiques, les guerres, etc. ; l’heure est au culte du présent où il importe d’inventer toujours et de saisir des opportunités.
Occasia und Poentitentia, Fresko von Andrea Mantegna, um 1500
Pourtant tous ces temps sont déterminant. Il importe de comprendre le temps long de l’anthropocène. l’Histoire de l’esclavagisme et des différentes formes de racisme et de ségrégation aux Etats-Unis compte pour comprendre “Black lives matter”. Et le terme de Kairos prend tout son sens lorsqu’on observe les récents coups de pokers de certaines grandes puissance comme la Chine (à Hong Kong notamment).
Aujourd’hui j’ai deux convictions :
A nous parents de donner à nos enfants une vision et une compréhension différenciée des différentes Histoires (Aiôn, Chronos, Kairos). De les aider à appréhender l’Histoire comme une somme de documents et d’histoires écrites de différents points de vue qu’il s’agit de conjuguer pour éclairer toutes ses dimensions. Cela ne se fait pas dans le cadre de leçons, mais chaque jour ou chaque semaine, comme le fait par exemple Jean-Noel Jeaneney dans Concordance des temps. Un fait de société est l’occasion d’en évoquer un autre plus ancien. Le 18 juin, vos enfants ont écouté De Gaulle ? Qu’en retirent-t-il ? Peut-être que la Bataille de France sonnait pour beaucoup comme la fin, là où De Gaulle y a vu le début de la résistance. Avant-hier pour ma part, c’est de Churchill que j’ai parlé à mon fils en partageant cet autre discours moins célébre mais tout aussi important, prononcé le 18 juin également. Le discours se termine ainsi :
“Let us therefore brace ourselves to our duties, and so bear ourselves that, if the British Empire and its Commonwealth last for a thousand years, men will still say, “This was their finest hour.”
Peu de discours parviennent à faire ainsi se téléscoper Kairos et Aiôn, a fortiori dans un tel style.
La génération de nos enfants et celle qui manifeste avec Greta Thunberg sait ou sent son inscription dans le temps long. Leur histoire individuelle ne fait plus qu’une avec l’Histoire, car ils en sont les premières victimes. Et donc les premiers à devoir inventer une autre voix. Aidons les, par nos propres choix et en étant si possible exemplaires en ces temps difficiles, à lier nos histoires de familles avec la grande Histoire, en leur montrant que cette crise est l’occasion de réfléchir et de changer, même à petit pas.
Bon dimanche à tous,
Matthieu
PS : j’ai eu le plaisir d’intervenir cette semaine chez Microsoft via Teams devant une petite centaine de personnes pour présenter “Préparons nos enfants à demain” et partager mes réflexions à la lumière de la crise actuelle. Si vous pensez que le sujet peut intéresser vos collaborateurs, j’interviendrai avec plaisir.
Ces quelques idées vous parlent ? Partagez les sans compter !