Bonjour à tous,
Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui je ne vous envoie pas une lettre mais le long article que je vous avais promis il y a une semaine, en lien avec les traditions de transmission héritées des peuples indigènes.
Bonne lecture à tous.
Une nature qui inspire 🌳
"Pourquoi est-ce qu'on vit, est-ce que ça a un sens ? Ai-je une mission ? Ou étais-je avant ? Les questions qui reviennent chez les enfants sont toujours les mêmes, ils sont en contact avec le sacré du matin au soir." Pourquoi dés lors, se demande-t-on en entendant ces mots d'Isabelle Pelloux, la spiritualité est-elle absente de l'école publique ?
Notre objectif le plus cher est que nos enfants soient en harmonie avec eux-mêmes, les autres et les lieux qui les entourent. Mais cette harmonie échappe aux discours, aux témoignages et aux évaluations, dans la mesure où elle comporte une dimension spirituelle intime. Cela, certaines écoles en ont pris acte et mettent la spiritualité au coeur de leur projet.
Rien de plus normal vous direz-nous. Une large part des écoles privées Françaises se sont construites précisément pour transmettre aux enfants la dimension spirituelle et religieuse que l'école laïque ne pouvait leur apporter. La question est de savoir s'il est possible de cultiver cette spiritualité autrement, et comment la nature peut y aider. Comment ce rapport se construit également avec de jeunes enfants. Suffit-il de lire des contes inspirés de la mythologie scandinave pour inviter les enfants à communier avec des être magiques ? Pour mieux échapper à cet imaginaire très Européen, nous nous rendons au Canada pour comprendre comment les enfants là-bas s'éveillent à la spiritualité dans les bois.
Le cas canadien 🍁
En s'intéressant aux écoles Canadiennes, on avait de prime abord rien remarqué de particulier. Il faut dire que Marlène Power, l'une de ses meilleures ambassadrices, se réclame surtout du modèle Européen.
Pionnière sur le sujet au Canada, elle a créé la première école en 2008 non loin d'Ottawa, la Carp Ridge Forst Preschool. A cette époque-là, souligne Marlène, les moins de 6 ans au Canada ont un accès restreint à la nature, et l'éducation à la nature - quand elle existe - est très dirigée. Pour concevoir son projet pédagogique, elle s'inspire directement des meilleurs exemples et pratiques à l'étranger, notamment en Angleterre, au Danemark et aux Etats-Unis. 10 ans plus tard, après la structuration d'un programme de formation conçu avec l'association anglaise des Forest Schools, la création d'un association nationale (la Child and Nature Alliance of Canada), le développement de plusieurs dizaines d'écoles dans la forêt et la nature et de centaines d'écoles dans la nature à mi-temps, les écoles dans la forêt font partie intégrante du paysage. En plus de présider la Child and Nature Alliance of Canada, Marlène dirige à présent la Ottawa Forest School, qui lui sert de vitrine et comme elle le dit de "site d'excellence" pour accueillir prés de 5000 familles par an, et faire connaître au plus grand nombre cette approche pédagogique. Son école vient de recevoir du Ministère de l'Education, via une ONG, une subvention de prés $1,5m pour financer ses infrastructures. Bref le modèle, conçu sur celui des autres écoles dans la forêt étrangères, semble s'installer.
C'est quand on questionne Marlène davantage sur ce modèle, que les premières particularités apparaissent. Les lieux tout d'abord sont davantage pris en compte dans leur diversité, ce qui explique d'ailleurs que l'on parle au Canada d'"école dans la forêt et la nature". Les écoles peuvent ainsi s'établir en montagne, dans les prairies, à la plage, dans la tundra, ou encore dans des parcs et des cours d'écoles aménagées. "Chaque école doit être différente, affirme Marlène, selon le lieu et le climat tempéré ou parfois glacial, selon la faune et la flore (notamment si l'on y trouve des animaux sauvages), selon aussi les communautés environnantes (indigènes ou non) et le fait qu'on y célèbre ou qu'on y ait célébré des cérémonies. Ces écoles doivent aussi refléter la culture". Plus tard dans notre échange, Marlène rappelle que les expériences que les enfants vivent s'inscrivent dans le contexte d'une communauté familiale et d'un héritage culturel définit qu'il s'agit aussi de prendre en compte. Là où on imaginait un instant une société trés multiculturaliste, où s'inventait des écoles dans la forêt différentes selon les lieux et les cultures, on comprend peu à peu que l'enjeu est plutôt de donner aux enfants à voir la nature de façon riche et variée au travers du regard des éducateurs, mais également de cultures multiples qui chacune peut apporter un autre rapport à la nature, sur le registre de la connaissance ou de la spiritualité.
Le Canada s'est finalement approprié les écoles dans la nature en important un modèle qui a déjà fait ses preuves et en y ajoutant les richesses naturelles et culturelles qui lui sont propres. L'introduction de ces écoles est allé de pair avec un retour aux origines, les Canadiens s'inscrivant dans une culture très ancrée dans leurs terres : celle des indigènes (au Canada, on parle aussi des "First nations", en spécifiant également les communautés inuits et les métis).
Après tout, si les écoles dans la forêt sont relativement nouvelles au Canada, les populations indigènes ou indigènes pratiquent l'éducation par la nature depuis des millénaires. Le guide officiel des écoles dans la Forêt et la nature canadiennes revient en détail sur l'approche pédagogique des indigènes. Reposant sur l'apprentissage par l'expérience et de pair à pair, ainsi que sur la recherche de l'autonomie dans les choix et les actions, elle fait largement écho à l'approche pédagogique de la plupart des écoles dans la forêt.
Au coeur de la philosophie d'éducation indigène, on trouve les 7 Enseignements de Grand-père : honnêteté, humilité, respect, courage, sagesse, vérité et amour. A ces principes s'ajoutent "les 4 Directions", selon lesquelles une personne équilibrée est composée d'une dimension émotionnelle, physique, spirituelle et intellectuelle. La meilleure forme d'apprentissage est celle qui permet à l'enfant de développer ces quatre dimensions tout à la fois. Il est intéressant de noter que la spiritualité ici, est placée au même niveau que les autres.
Les apprentissages dans la pédagogie indigène se font au travers d'histoires. Histoires d'anciens (ou aieux) d'une part, racontées sous forme de légendes, mais aussi récits personnels d'éducateurs, dans la mesure où il est tabou, dans de nombreux cultures indigènes, de raconter l'histoire de quelqu'un sans son consentement. C'est ainsi que les éducateurs glissent peu à peu vers le rôle de mentors, partageant leurs expériences mais aussi servant de modèle pour transmettre des connaissances pratiques, renseigner sur des rôles spécifiques dans la communauté ou encore mener des cérémonies. D'autres apprentissages passent par l'observation des plantes, des animaux et de la nature de son ensemble.
Cette histoire et ces savoir-faires sont jusqu'aujourd'hui transmis aux Forest Schools leaders formés au Canada, qui sont notamment sensibilisés à l'art des contes et aux "perspectives indigènes", c'est-à-dire à la fois à leur manière de vivre, de concevoir la nature et de penser l'éducation. Cette histoire et ces pratiques ne sont pas appliquées de façon littérale, mais influencent la manière dont les éducateurs Canadiens conçoivent leur projet pédagogique. Ils parlent ainsi d'"une pédagogie de la communauté", qui consiste à s'intégrer dans son environnement d'origine et à restaurer ses liens essentiels avec son lieu." Dit ainsi cela semble abstrait, et on ne voit pas le lien entre le communauté et les lieux. En réalité, la communauté joue un rôle de médiation avec la nature et guide l'enfant pour l'habiter et se connecter à elle, en partageant avec lui des expériences. La spiritualité n'est pas vécue sur le mode de la liturgie comme c'est le cas en Occident, mais passe par une expérience collective de la nature.
Quittant l'espace d'un instant le Canada, on se remémore quelques scènes ici et là lors de nos voyages dans d'autres écoles dans la Forêt. On se souvient de quelques enfants restant à l'écart des autres, seuls, qui contemplent un paysage ou restent au pied d'un arbre à observer les oiseaux ou creuser des trous. Certains préfèrent ainsi s'occuper. Se contentant d'être, d'écouter ou de regarder.
Contemplation, rêveries, les mots qui viennent pour évoquer ces moments sont empreints de romantismes, et peinent à exprimer le fait qu'un enfant d'une certaine manière puisse entretenir avec la nature un rapport intime et profond, un rapport qui l'élève, un peu comme chez les panthéistes, mais au sens littéral du terme, c'est-à-dire qui le fasse grandir en développant une relation intime et pleine de sens à la nature et au monde qui l'entoure. C'est bien cela que l'on a senti chez ces enfants, sans qu'ils l'expriment ni même ne le ressentent sans doute de façon consciente.
Quelle valeur a le fait de préserver et de renforcer ce sens de la fascination et de l'émerveillement, interroge Rachel Carson, biologiste et environnementaliste, dans son livre "le sens de l'émerveillement", la reconnaissance de ce qui dépasse les limites de l'existence humaine ? L'exploration du monde naturel est-elle simplement une manière agréable de passer les plus belles heures de l'enfance ? Je suis sûre, poursuit-elle qu'il y a là quelque chose de plus profond, de plus durable et de plus important.(...) Ceux qui contemplent la beauté de la terre puisent des réserves de force qu'il conserveront tout au long de leur vie.
Ce rapport symbiotique avec la nature, les écoles dans la nature Canadiennes le trouvent en remontant aux origines des tribus indigènes. Alors chasseurs cueilleurs, ces dernières entretenaient avec la nature un rapport différent de celui des civilisations agricoles sédentaires, qui les amenait à être en empathie avec elle. Ce que se proposent ces écoles ou ces communautés est simplement de faciliter culturellement cette re-connexion au milieu naturel, largement oubliée après quelques 12 000 ans de civilisation agricole.
Quelle connexion ? ⚡️
Concrètement, en quoi consiste cette re-connexion ? Pour se faire une idée plus précise, on rencontre Cécile Faulhaber, une Française partie se former pendant un an à Wisdom of the Earth, une école dans la forêt nichée au fin fond de la Colombie Britannique, à Salt Spring, et qui en a tiré un documentaire : l'Autre connexion. Quand on lui demande ce qu'est pour elle cette connexion, elle raconte : "quand tu vis l'expérience de retrouver un arbre les yeux bandés parmi des milliers d'arbres, et que tu sens sa présence, une fois que tu as vécu ça, tu n'appréhendes plus le monde de la même manière. Quand tu expérimentes le soutien d'une communauté, avec les anciens qui partagent avec toi, je n'ai jamais rien vécu d'aussi culturellement puissant. Sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, j'ai vécu ces expériences seule, mais là je les ai retrouvé au sein d'une communauté." Au départ je me disais ça a quelque chose de complément illuminé, mais depuis que je l'ai vécu, depuis que quand je cherche un églantier, j'y vais directement, mon corps m'y emmène, maintenant que je vis ça j'en parle comme quelque chose de normal."
Cet exemple nous laisse un peu sur notre faim, et on devine que la connexion plus largement est une forme d'attention et de symbiose avec ce qui nous entoure, la nature et les personnes. Evoquant les enfants de Wisdom of the Earth, une mentor de l'école raconte : "Ils ont une tonne de compassion, ils vivent toujours dans leur coeur, pas sur un mode émotionnel mais de façon franche et directe. Il sont trés confiants, d'une confiance qui vient de leurs tripes et pas de leur tête.".
On imagine mal comment une telle harmonie peut être transmise. Adeline Lefebvre, qui est partie se former dans la même école, précise d'emblée que "la spiritualité en soi n'est jamais abordée expressément. C'est par le respect du vivant et le modèle des mentors eux-mêmes connectés à la Nature à un niveau spirituel que cela se transmet aux enfants.. La connexion à la nature passe par l'action à travers différentes routines (sit spot, gratitudes, partage d'expériences, rites de passage...) et la pratique des savoirs-faires ancestraux tels que la fabrication de paniers en osier ou le feu par friction."
Sit spot ? La pratique consiste à se tenir dans un endroit où l'on se sent bien et à y revenir régulièrement au fil des saisons et des humeurs, pour suivre le cours de la nature, observer les animaux et la faune autour de soi, et sentir ses états d'âmes. Le sit spot implique à la fois un travail d'observation et d'introspection, comme une routine méditative ou religieuse qui ne dit pas son nom[^cette pratique en elle-même n'a rien de neuf évidemment, et prends depuis des siècles différentes formes selon les religions ou les courants philosophiques. Elle donne lieu jusqu'aujourd'hui à différents mouvements contemporains, comme le Quiet Garden Movement https://quietgarden.org/about], ouverte sur le monde naturel. La pratique des sit spots fut introduite par le mouvement des 8 shields, dont s'inspire l'école Wisdom of the Earth.
Ce mouvement trouve son origine dans le parcours de Jon Young, son fondateur. Naturaliste, pisteur et éducateur, il fut formé par plusieurs sages indigènes américains et africains aux savoirs et savoir faire ancestraux liés à la vie dans la nature. Ses livres, notamment "le Guide du coyote pour se connecter à la nature", servirent de base à l'élaboration du mouvement. 8 shields synthétise tous ses apprentissages et les routines de base qui permettent de transmettre la connexion.
8 Shields ne propose pas simplement un modèle d'éducation, pas plus du reste qu'il ne s'adresse exclusivement aux enfants. Il s'agit davantage d'une manière d'être vis-à-vis de soi, des autres et de la nature. D'une manière aussi d'apprendre ensemble. C'est la raison pour laquelle Wisdom of the Earth se présente comme une communauté plutôt que comme une école, comme c'est le cas dans de nombreuses cultures indigènes.[^Il d'ailleurs intéressant de remarquer que dans certaines cultures indigènes, les lieux où les enfants apprennent et où la communauté débat sont les mêmes et portent le même nom. Prenons l'exemples de Indiens Kogi en Colombie, la "kankurua" est une maison utilisée pour prendre des décisions collectives où les discussions peuvent durer des nuits entières. Le même mot qualifie l'école traditionnelle dans laquelle un professeur leur transmet les éléments de leurs tradition et de leur culture.]
Quelle forme prend cette communauté au juste se demande-t-on alors, un peu perplexe et encore prisonnier de l'idée que l'on se fait d'une école coupée du reste de la société. Wisdom of the Earth accueille les enfants de moins de 7 ans et leurs familles à raison de 1 jour par semaine, et les enfants de 8 à 16 ans du mercredi au vendredi. Pour accompagner les enfants, 4 mentors, 3 apprentis adultes et 1 parent sont présents chaque jour. Lors d'une conférence qu'il donne à Paris, le fondateur de l'école, Jean-Claude Catry souligne à quel point la présence des parents compte : à eux également de se former et d'apprendre à se connecter à la nature, pour montrer l'exemple et mieux transmettre cela à leurs enfants. Intervenant à ses côtés, Isabelle Pelloux (qui dirige la ferme-école des Amanins) renchérit : "Quelque part, tous les modèles d'éducation, on s'en fou un peu. Ce qui est important, c'est l'adulte qui l'incarne, qui accompagne l'enfant." Apprendre par l'exemple et le partage, telle est la proposition simple et presque évidente de cette communauté, où les expériences - plus que la connaissance en définitive - se transmettent au gré des routines. Dans ce cadre-là le mentor n'a pas le rôle d'éducateur ni de sachant. Au même niveau que l'enfant, il le laisse évoluer tout en partageant avec lui ses interrogations et en servant de modèle (par exemple en se rendant à son sit spot quotidiennement). En partageant ses expériences, il partage également sa mémoire, s'inscrivant en cela dans une tradition d'enseignement ancestrale. C'est cette mémoire qui donne le sens et montre la voix. "La mémoire, disent les Indiens Kaogis, est comme les yeux faits pour voir : si elle se perd, tout devient obscur".
On retrouve le modèle des 8 Shields dans plusieurs dizaines d'écoles dans les forêts Nord-américaines et Canadiennes. Elles voient en lui un moyen d'en revenir à la fois aux pratiques et à une certaine forme de spiritualité des origines, ancrées dans la nature et dépouillées de toute dimension religieuse.
On retrouve ailleurs des approches similaires, au sein d'écoles qui - sans pour autant se réclamer des 8 shields - s'inscrivent toujours dans cette tradition d'éducation indigène. Il n'est pas surprenant que la Nouvelle-Zélande et Australie aient, comme le Canada, imaginé des écoles dans la forêt qui s'inspirent de la culture aborigène. On trouve ces écoles dans le *bush*. Ce bois typique de ces pays, donne d'ailleurs son nom aux écoles qui se font appeler "Bush schools". L'école de Hamilton Hill est l'une des premières à se monter à 2011. Les activités incluent des contes dits par des vieux sages aborigènes, la construction d'abris traditionnels dans le bush ou encore le lancé de lance. Façon pour ces écoles de perpétuer des savoir-faires mais aussi plus fondamentalement à autre rapport à la nature, inscrit dans l'histoire et passant par l'expérience et la transmission.
Retour en France 🇫🇷
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce courant pédagogique ne s'arrête aux frontières de la France. C'est au pied des monts du Vercors que se trouve l'école de Caminando. Avant de fonder l'école, Muriel Fifils, a vécu au Canada où elle a découvert l'approche pédagogique des populations indigènes, notamment dans la Grand-Nord. Vivant par la suite en Colombie, elle a découvert d'autres communautés indigènes de la côté Caraibes, comme les Indiens Kogis qui vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta. De retour en France, elle fonde créer Caminando au sein de L'école de la Nature et des Savoirs, elle-même fondée par le géographe Eric Julien, un autre expert des Indiens Kogis. A Caminando, les enfants ont des temps d'observation du vivant, précise Muriel Fifils, ce qui leur permet de faire un travail de centrage, de prendre conscience à la fois de leur état et du territoire autour d'eux. "Après le déjeuner, chacun a un temps pour soi, une petite fille peut prendre une vache et aller au bord de la marre, une autre ira jouer du violon en forêt". Au-delà de l'immersion quotidienne dans une nature relativement raisonnée autour de l'école, ils vont se rendent chaque semaine dans une colline, à 15' de l'école. Là, ils s'installent seuls, pour contempler la nature. Ce temps de pose, d'observation et d'introspection évoque le *sit spot*. A ceci prés qu'il s'insert dans le programme du primaire et correspond à un temps de science expérimentale. C'est là que les deux approches civilisationnelles se télescopent : l'observation patiente du vivant et l'émerveillement qui s'ensuit embrayent sur des questions métaphysiques mais aussi physiques et biologiques. À cela s'ajoutent enfin les sorties d'une semaine en montagne, deux à trois fois par an, dans une ferme isolée. C'est le moment pour les enfants de tester la peur pendant les ballades nocturnes, de construire une hutte kogi en torchis, de dormir en bivouac, à la belle étoile, bref de couper, de s'éprouver et se construire. De se connecter à soi-même et au vivant autour d'eux.
Ailleurs en Europe, on trouve des références à la spiritualité en lien avec l'apprentissage dehors, sans pour autant que les enseignants éprouvent le besoin de convoquer de références indigènes ou religieuses. C'est le cas notamment en Ecosse, qui dispose dans son programme d'un volet d'éducation morale et religieuse. "Il est fondamental, souligne l'enseignant d'une école de South Lanarkshire, de passer du temps dehors en classe d'éducation morale et religieuse. Inutile de visiter un site religieux ou sacré. Il suffit d'explorer et de découvrir l'essence des choses qui est à la base de toute réflexion personnelle et développement spirituel".
À travers ces récits de connexion, on se dit qu'on tient là quelque chose d'à la fois simple et compliqué, qu'on ne parviendra jamais à cerner entièrement, et qui pourtant est l'une des raisons pour lesquelles nous avons écris L’enfant dans la nature. Quelle que soit notre culture, la nature nous inspire, nous comble et parfois nous guide. C'est aussi cela qu'apporte la spiritualité : la boussole qui permet de s'orienter dans un monde de plus en plus complexe à cerner. Une boussole non pas construite, codée et institutionnalisée comme le sont les religions, enseignée et assimilée, mais ressentie, transmise, acquise par la contemplation, l'expérience et la communauté.
J’espère que cette lecture vous a inspiré ! Partagez vos réactions en réponse à cet email.
La semaine prochaine, on prépare la rentrée, avec de nouvelles solutions et de nouveaux concepts d’écoles. Attention, avalanche de liens en perspective !
D’ici là, excellent week-end à tous,
Matthieu